Pôles de compétitivité : Ils renforcent les inégalités territoriales

  • Publié le jeudi 10 juillet 2008
  • Rédigé par FEKRANE Catherine  
  • Développement des territoires

Dans un récent rapport, le Conseil économique et social (CES) estime que les pôles de compétitivité ont un impact positif sur le développement des territoires. Il constate cependant que les aides attribuées aux projets se concentrent dans les régions leaders en termes de recherche, et que le PME ayant le plus besoin de structures de soutien à la R&D ne sont pas majoritaires dans les pôles.

Quelques semaines après la remise au gouvernement d'un audit d'évaluation des 71 pôles de compétitivité, le Conseil économique et social (CES) s'est penché sur le rôle territorial des pôles. Les 7 et 8 juillet, André Marcon, vice-président du CES, a en effet présenté son rapport intitulé « Les pôles de compétitivité : faire converger performance et dynamique territoriale ».

Pour le rapporteur, les pôles ont indiscutablement un impact territorial positif, en renforçant l'attractivité et la visibilité internationale des territoires ou en incitant les collectivités à créer des équipements et à participer au financement des projets. André Marcon estime par ailleurs qu'il est « probable qu'à terme, les pôles vont non seulement susciter des créations d'emplois mais aussi influer sur la qualification et la structure locale des emplois. »

Pour autant, le bilan convient d'être nuancé. D'une part parce que « l'implantation massive des pôles dans les régions leaders en matière de recherche renforce les inégalités territoriales. » Le rapporteur constate en effet que, via les appels à projets menés par l'Agence nationale de la recherche (ANR) et le Fond Unique Interministériel (FUI), les aides ont jusqu'à présent été concentrées « sur l'Île-de-France et les régions les plus dynamiques en termes de R&D alors que les 8 régions les plus en retrait (Franche-Comté, Picardie, Bourgogne, Poitou-Charentes, Basse-Normandie, Limousin et Corse) ont reçu moins de 10 % des aides. »

Pôles : une entreprise sur deux est une filiale d'un groupe

Par ailleurs, André Marcon regrette que la dynamique des pôles bénéficie plus aux grands groupes internationaux qu'aux PME locales. Selon le rapporteur, « les pôles de compétitivité restent majoritairement pilotés par des grands groupes et les projets R&D sont portés essentiellement par des grandes entreprises. »
Et s'il reconnaît que les PME sont nombreuses à adhérer aux pôles, toutes « n'ont pas les mêmes capacités d'absorption de l'innovation. » En effet, « près d'un établissement sur deux présents dans un pôle est une filiale d'un groupe. » Or, « Une filiale sur deux dispose de capacités de R&D internes, contre une sur trois pour les PME indépendantes (...) Aussi, il semble que ce soit les entreprises qui ont le moins besoin de structures de soutien à la R&D qui soient dans les pôles de compétitivité. »

Pas assez de PME dans les projets collaboratifs

André Marcon estime par ailleurs que les problématiques spécifiques aux PME sont insuffisamment prises en compte par les pôles, et que celles-ci ont par conséquent de grandes difficultés à participer aux projets collaboratifs. « Le temps passé à monter le projet, le manque de capitaux propres, les impératifs de trésorerie associés aux délais de versement tardif des fonds sont les principaux freins qui rendent l'accès des PME aux projets innovants difficile », souligne le rapport.

Sans compter que certaines « PME ont pu montrer une certaine frilosité à collaborer avec les grandes entreprises sur des projets R&D, craignant que leur innovation ne soit pas protégée. »

Une situation qui peut vite devenir décourageante, et inciter de nombreuses PME à « se démobiliser et se retirer du pôle. »

Ce rapport du CES précède la réunion, prévue en juillet, d'un Comité interministériel d'aménagement et de compétitivité du territoire (CIACT) qui doit détailler les modalités du renouvellement pour trois ans de l'engagement de l'Etat auprès des pôles. Le CIACT statuera également sur le sort des 13 pôles dont l'audit d'évaluation préconise la restructuration profonde.

Source : Innovation Le Journal du 10/07/08

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